Statuaire des Transbordeuses

Les Transbordeuses d’Oranges de Cerbère

Avec l’ouverture de la gare de Cerbère en 1878, la frontière ferroviaire entre la France et l’Espagne se matérialise dans l’écartement des rails : 1,435 m côté français, 1,668 m côté espagnol. Cette différence impose un transbordement systématique des marchandises, notamment des oranges, des wagons espagnols vers les wagons français.

Une reproduction de la Transbordeuse d’Orange se dresse aujourd’hui fièrement sur la placette des Transbordeuses. Cette statue, signée Olivier Mosset, rend hommage à ces femmes courageuses qui accomplissaient un travail épuisant. Elles transportaient des paniers ou “couffes” pesant 15 à 20 kg, une tâche répétitive et difficile, rémunérée à la pièce et souvent de manière très modeste.

Le 26 février 1906, ces transbordeuses passent à l’action : elles entament une grève pour réclamer une augmentation de 25 centimes sur leur salaire de 75 centimes par tâche. Ce mouvement reste célèbre comme la première grève entièrement féminine en France. Ensemble, elles forment un syndicat, surnommé Les Rouges, et vont jusqu’à se coucher sur les rails pour se faire entendre.

La lutte fut longue et ardue. Les négociations durèrent jusqu’au 3 décembre, marquées par des divisions internes et de vifs conflits avec les autorités et les employeurs. L’armée est même appelée pour les déloger. Ce combat a profondément marqué l’histoire du village et demeure un symbole de courage, de solidarité et de la force des femmes de Cerbère.

The Orange Transbordadoras of Cerbère

With the opening of Cerbère station in 1878, the railway border between France and Spain became tangible in the difference of track gauges: 1,435 m in France, 1,668 m in Spain. This discrepancy required the systematic transfer of goods — especially oranges — from Spanish wagons to French ones.

Today, a replica of the Orange Transbordadora proudly stands on the Transbordadoras Square. Created by Olivier Mosset, the statue pays tribute to the courageous women who performed this exhausting work. They carried baskets or “couffes” weighing 15 to 20 kg, a repetitive and grueling task, paid by the piece and often very modestly.

On February 26, 1906, these transbordadoras took action: they went on strike to demand a 25-cent increase on their 75-cent piecework wage. This movement is remembered as the first entirely female strike in France. Together, they formed a union, nicknamed Les Rouges, and even lay down on the tracks to make their voices heard.

The struggle was long and arduous. Negotiations lasted until December 3, marked by internal divisions and intense conflicts with authorities and employers. The army was even called in to remove them. This fight left a lasting mark on the village’s history and remains a symbol of courage, solidarity, and the strength of the women of Cerbère.

Las Transbordadoras de Naranjas de Cerbère

Con la apertura de la estación de Cerbère en 1878, la frontera ferroviaria entre Francia y España se hizo tangible en la diferencia de ancho de vía: 1,435 m en Francia y 1,668 m en España. Esta diferencia requería el traslado sistemático de mercancías, especialmente naranjas, de los vagones españoles a los franceses.

Hoy, una réplica de la Transbordadora de Naranjas se alza orgullosamente en la Plaza de las Transbordadoras. Firmada por Olivier Mosset, la estatua rinde homenaje a las valientes mujeres que realizaban este trabajo agotador. Transportaban cestas o “couffes” de 15 a 20 kg, una tarea repetitiva y extenuante, remunerada por pieza y con frecuencia de manera muy modesta.

El 26 de febrero de 1906, estas transbordadoras pasaron a la acción: iniciaron una huelga para reclamar un aumento de 25 céntimos sobre su salario de 75 céntimos por tarea. Este movimiento se recuerda como la primera huelga íntegramente femenina en Francia. Juntas, formaron un sindicato apodado Les Rouges, y llegaron incluso a acostarse sobre las vías para hacerse escuchar.

La lucha fue larga y difícil. Las negociaciones se prolongaron hasta el 3 de diciembre, marcadas por divisiones internas y fuertes conflictos con las autoridades y los empleadores. Incluso se llamó al ejército para desalojarlas. Esta lucha dejó una huella imborrable en la historia del pueblo y sigue siendo un símbolo de coraje, solidaridad y la fuerza de las mujeres de Cerbère.

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